Le vieillissement est considéré comme irréversible. On admet qu’il ne progresse pas de façon continue mais jamais on ne pense qu’il pourrait s’arrêter et encore moins revenir en arrière. Il en est du vieillissement comme du temps, il n’y a pas plus de machine à remonter le temps que de produit à faire rajeunir. Voilà pour les a priori.
Il existe quelques éléments qui permettent de dire que le vieillissement n’est peut-être pas inéluctable.
Mais qu’en est-il réellement ? Personnellement, je n’ai rien à dire sur la machine à remonter le temps, mais je sais qu’il existe quelques éléments qui permettent de dire que le vieillissement n’est peut-être pas inéluctable.
Le vieillissement n’est pas une caractéristique universelle du monde vivant.
On ne peut pas dire que les végétaux vieillissent. J’ai dans ma bibliothèque une feuille séchée que j’ai prélevée à un grand Ficus religiosa au Sri Lanka, qui provenait lui-même de la bouture d’un arbre issu par bouturages successifs au long des siècles de l’arbre sous lequel Bouddha en personne a atteint l’illumination dans le nord de l’Inde entre 650 et 550 avant JC. Le fait qu’une feuille puisse donner un arbre entier pose le problème de la nature de l’individualité chez les plantes. Sur un plan purement biologique la feuille de ma bibliothèque provient bien de l’arbre sacré de la Boddhi. L’individu végétal est donc immortel car il est plus étendu dans le temps et l’espace que ne l’est l’individu animal. L’individu végétal ne subit pas le vieillissement parce qu’il se régénère sans cesse à partir de cellules qui elles-mêmes ne vieillissent pas. Chez l’animal et donc chez l’homme, l’individu vieilli parce qu’il accumule des éléments biochimiques et cellulaires qui ne se renouvellent pas ou qui se renouvellent lentement et dont les déficiences ne sont pas sanctionnées par l’élimination.
Il existe deux causes d’altération des cellules : l’oxydation et la glycation.
L’oxydation est un mécanisme bien connu dont la notoriété dans le grand public est due au fait qu’il se perçoit sur les éléments de notre vie extérieure, sur les métaux notamment. La glycation est très méconnue car elle se manifeste dans la cuisine, mais de façon positive : c’est elle qui donne le goût de la viande grillée, du bon pain craquant..
La glycation est en principe irréversible : personne ne sait comment faire redevenir crue une côte de boeuf passée au barbecue. Les sucres qui se fixent heure après heure sur nos protéines sont donc là pour durer d’autant plus qu’ils vont empêcher nos protéines de se renouveler.
Il est possible de diminuer notre taux de glycation en essayant de limiter notre glycémie et aussi grâce à l’action d’anti-oxydants car la glycation est une réaction chimique qui comporte une phase au cours de laquelle l’oxygène joue un rôle prépondérant.
Il peut exister un mécanisme chimique ou biochimique capable de «déglyquer» les protéines.
Une fois la glycation réalisée, existe-il un moyen de la «défaire» ? De rompre les liens qui unissent les molécules de protéines entre elles ? En principe non, mais pourtant il existe des moisissures qui sont équipées d’enzymes capables de casser ces liaisons et de permettre ainsi la digestion plus facile des protéines glyquées. Cette observation est très importante car elle montre qu’il peut exister un mécanisme chimique ou biochimique capable de «déglyquer» les protéines.
Après avoir examiné un grand nombre de molécules végétales capables d’inhiber la glycation, nous nous sommes tournés vers celles qui pouvaient le faire sans avoir d’effet anti-oxydant, ou du moins pour lesquelles le pouvoir anti-oxydant était faible en comparaison de leur effet sur la glycation.
Nous avons ensuite mis au point un test in vitro permettant de faire la distinction sans ambiguïté entre l’effet inhibiteur de la glycation et un véritable effet de déglycation des protéines. Ensuite nous avons testé différentes molécules pour finir par en sélectionner une dizaine dont nous avons breveté les effets. Toutes sont d’origine végétale et certaines sont d’une efficacité surprenante.
Nous avons développé un extrait végétal qui possède une incroyable activité déglycante qu’il doit à la présence d’acide rosmarinique.
Quelques années avant que nous commencions ces travaux, une société américaine, Alteon, avait breveté une molécule de synthèse appelée Alagebrium, ou ALT 711, capable de déglyquer les protéines de façon très efficace. Cette molécule a fait la preuve de son efficacité sur les problèmes cardiaques des chiens et aussi dans un essai de phase 2 chez l’homme. Malheureusement cette molécule n’a jamais vu le jour en tant que médicament. Nous nous sommes procuré un peu d’Alagebrium pour nous servir de référence et nous avons pu voir que certaines des molécules que nous avions brevetées étaient significativement plus actives que cette molécule de synthèse.
Depuis, nous avons développé un extrait végétal qui possède une incroyable activité déglycante qu’il doit à la présence d’acide rosmarinique dans sa composition. Toutefois, comme c’est le cas dans la plupart des produits de phyto, l’activité de l’acide rosmarinique dans cet extrait est très au-delà de l’activité de la molécule pure.
Daniel Jean PhD, Pharmacologue, fondateur de l’Institut des Substances Végétales